
Lorsqu'on parle de cyberattaques, l'attention se porte souvent sur le vecteur utilisé : exploit zero-day, malwares, ou encore failles logicielles non patchées. Pourtant, la véritable vulnérabilité se situe bien plus en amont... La défaillance, que ce soit par inattention ou manque de sensibilisation, est bien souvent humaine.
Un mot de passe faible, un lien malveillant ouvert par erreur, une pièce jointe téléchargée : ces gestes anodins sont souvent le véritable point d'entrée des cybercriminels. Voire la majorité : selon le World Economic Forum, 95 % des incidents de cybersécurité auraient pour origine une erreur humaine(1).
Mais alors qu’est-ce qui nous rend si vulnérables ? Quels leviers psychologiques rendent nos réactions si prévisibles ? Et comment les cybercriminels s’en servent-ils pour nous pousser à cliquer ? Cet article est là pour pour apporter un éclairage sur le sujet de la cybercriminalité et des biais émotionnels.
Plutôt que de forcer l’entrée par la recherche d’un accès initial sur le système d’information de la victime, de nombreux hackers préfèrent s’attaquer directement à l'élément le plus faillible : l'être humain.
C’est sur le principe de la loi de Pareto (20 % d’effort pour 80 % de résultat), que ces derniers analysent la profusion de données disponibles sur internet comme les adresses e-mail, les adresses postales, les numéro de téléphone… afin d’en déduire un scénario d'attaque permettant d’accéder à l’entreprise ciblée.
Appelée ingénierie sociale, ce mode opératoire consiste à manipuler une personne pour l’amener, sans s’en rendre compte, à compromettre la sécurité de son environnement de travail.
Dans un contexte professionnel, ce type d’attaque fonctionne d’autant plus que les collaborateurs sont souvent sous pression : charge mentale élevée, délais de livraison toujours plus courts, notifications en continu : autant de facteurs qui diminuent la vigilance et favorisent l’apparition de réactions instinctives. Derrière chaque clic trop rapide ou décision précipitée, ce sont des ressorts psychologiques bien connus qui sont exploités de façon méthodique.
L’efficacité de l’ingénierie sociale repose sur notre tendance à réagir de manière automatique dans certaines situations. Face à une cybermenace, plusieurs biais cognitifs altèrent notre jugement, réduisant notre capacité à évaluer correctement le risque ou à prendre du recul avant d’agir.
Le biais d’autorité désigne notre tendance à accorder plus de légitimité ou de crédibilité à une figure perçue comme hiérarchiquement supérieure ou experte. Ce mécanisme nous pousse à obéir sans remettre en question une demande, simplement parce qu’elle semble émaner d’un supérieur.
Les cybercriminels exploitent largement ce biais dans le cadre de l’arnaque au faux ordre de virement international (FOVI). En 2023, l’arnaque au faux ordre de virement international (FOVI) est la quatrième cause de demande d’assistance enregistrée par les entreprises et associations sur le site cybermalveillance.gouv.fr(2).
La cyberattaque prend souvent la forme d’un e-mail prétendument envoyé par un dirigeant ou un responsable financier, demandant de réaliser un virement urgent et confidentiel. La victime, pressée et sous l’effet de l’autorité supposée de l’émetteur, exécute la demande sans vérification.
Le biais de familiarité désigne notre tendance à faire davantage confiance à ce qui nous semble connu ou habituel : une marque, un logo, une interface, ou même une formulation. Ce réflexe se traduit par une baisse de vigilance face à des éléments visuels que nous identifions rapidement, sans les analyser en profondeur.
Ce biais est d'ailleurs largement utilisé dans les campagnes d’hameçonnage usurpant l’image de marques reconnues. D’après un rapport de l’éditeur Check Point, 36 % des tentatives de phishing ciblent spécifiquement l’entreprise Microsoft au premier trimestre 2025(3).
Ainsi, un message bien conçu, arborant les logos officiels et un ton professionnel, peut simuler une alerte de sécurité ou une assistance technique. Celui-ci invite souvent l’utilisateur à « réinitialiser son mot de passe », « vérifier son compte » ou « contacter un support par téléphone ».
Le biais d’urgence est un mécanisme cognitif qui pousse à agir rapidement lorsqu’une situation est perçue comme critique ou limitée dans le temps. Ce sentiment de devoir réagir sans délai réduit notre capacité d’analyse et favorise des décisions impulsives. Dans un environnement professionnel rythmé par les délais, ce biais est facilement activable.
Les cybercriminels en tirent parti en diffusant des messages qui évoquent une menace imminente : un compte désactivé, une faille de sécurité détectée, une action à valider immédiatement. Le format est souvent alarmiste, le ton pressant. L’objectif : provoquer une réaction immédiate, avant que la victime ne prenne le temps de réfléchir ou de vérifier la véracité du propos.
Le biais de complaisance se traduit par une surestimation de sa capacité à détecter ou éviter les menaces, même dans des environnements complexes ou sous pression. Ce biais peut conduire certains collaborateurs à minimiser leur exposition aux risques ou à considérer les campagnes de sensibilisation comme superflues. Il crée une zone de confort qui réduit l'efficacité des dispositifs de prévention, en particulier dans les environnements où les attaques reposent sur des techniques de manipulation avancées.
Or, avec l’intelligence artificielle générative, cette confiance peut devenir un angle mort. Des attaques utilisant des deepfakes audio - capables de reproduire la voix d’un dirigeant avec un haut degré de fidélité - complexifient fortement la détection humaine. Même des collaborateurs expérimentés et formés peuvent être induits en erreur.
Face à des attaques de plus en plus ciblées, la posture de cybersécurité de l'entreprise doit inclure formation, procédures internes, outils de sensibilisation à la cybersécurité et adoption d’une culture de la vigilance. Pour ce faire, voici les principaux leviers à mobiliser :
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