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Job en cybersécurité : attirer les meilleurs talents

Si elle recrute des experts de l’IT depuis 20 ans, c’est aujourd’hui à son tour de parler de son parcours. Rencontre avec une passionnée : Delphine Streichenberger.

Être dynamique

Dans la plupart des offres d’emploi, certains mots sont devenus des lieux communs. Complètement vidés de leur substance, ils sont ce qu’on appelle des « mots valises ». Parmi eux, non loin du sacro-saint « motivé », se trouve l’incontournable « dynamique ». On se demande souvent ce que ça veut dire, être dynamique au travail : sauter partout, parler fort, faire des pompes au milieu de l’open-space… Et puis, un jour, on rencontre quelqu’un comme Delphine Streichenberger. Et soudainement, la valise se remplit et le mot regagne ses lettres de noblesse.

Cet effet-là, elle le fait à chaque personne qu’elle rencontre, depuis des années. Et des rencontres, elle en fait un paquet. Responsable du recrutement de l’unité Audit & Conseil, Delphine gère aussi les relations avec les écoles et la cooptation. Chez Orange Cyberdefense, la cooptation a représenté 30% des recrutements en 2019. C’est d’ailleurs par ce biais que Delphine a rejoint l’entreprise.

Faire une bonne première impression

« Je connaissais sa valeur avant de la rencontrer », se rappelle Anne Kent, directrice de l’unité Audit & Conseil, avant de poursuivre : « Sa réputation la précédait. On la disait passionnée, très douée pour jauger les aptitudes d’un candidat et proche du business. Quand j’ai su qu’elle passait des entretiens pour nous rejoindre, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller la voir. J’ai ouvert la porte de la salle où elle se trouvait, de manière impromptue. Elle a accueilli ma démarche avec un grand sourire, ça a cliqué tout de suite ». Ce moment qui peut paraître anodin a aussi marqué Delphine. « Pour être bien dans son job, il faut bien s’entendre avec ses collègues. C’est mon premier critère de choix. Je me rappelle qu’Anne Kent avait pris quelques minutes sur son emploi du temps, simplement pour me saluer. Cette attention m’a marquée. Je me suis dit que le management était humain. Je ne me suis pas trompée ».

Chez Orange Cyberdefense, son parcours fait mouche, son enthousiasme plaît. On lui propose un poste de manager, qu’elle refuse. « Je ne voulais pas m’éloigner du terrain. L’encadrement n’est pas ma priorité aujourd’hui… Orange Cyberdefense a pris le temps de me créer un poste sur-mesure et ainsi privilégier mon expertise au profit du management, c’est aussi ce qui m’a donné envie de rejoindre cette structure ».

Savoir défendre son parcours

Cela fait maintenant 20 ans que Delphine recrute des professionnels de l’IT. Et pourtant, son parcours est plus qu’atypique : elle n’a pas fait d’études dans les ressources humaines, n’est pas intéressée par les aspects juridiques de la fonction RH, a tout appris sur le tas et ne jure que par une seule chose : le recrutement.

C’est pourtant en tant que commerciale qu’elle débute sa carrière. A l’époque, elle évolue au sein d’une société spécialisée dans le travail temporaire. En plus de ses activités de commerciale, elle fait un peu de recrutement. « Cela a été une révélation, presque une évidence. J’ai eu réel un coup de cœur pour ce métier, alors que je n’avais aucune expérience. L’approche humaine, la découverte de chaque personnalité, de chaque parcours, ça m’a tout de suite plu, alors j’ai poursuivi dans cette voie », s’exalte-t-elle.

Être ouvert-e sur l’international

De son passé de commerciale, elle garde deux vieux réflexes : la chasse et l’adrénaline de la signature. Car Delphine est une vraie chasseuse de tête. Son outil de prédilection : LinkedIn, qu’elle maîtrise à la perfection. Ses posts font des dizaines de milliers de vues, son réseau ne connaît aucune frontière. Elle tisse, chaque jour, des liens avec d’éventuels futurs candidats, peu importe où ils se trouvent sur le globe.

C’est notamment le cas d’Arnaud Lautier, consultant en sécurité spécialisé dans la gestion de crise, qu’elle sollicite alors qu’il travaille en Angola. « J’ai rencontré Delphine une semaine avant de signer mon contrat chez Orange Cyberdefense. Elle m’avait contacté via LinkedIn, un mois et demi auparavant. Nous avions rapidement échangé par téléphone. Elle était tellement dynamique, passionnée. On sentait tout de suite qu’elle avait beaucoup d’expérience. Ça m’a interpellé : c’était presque trop facile de discuter avec elle. Elle était pourtant fidèle à l’image que je m’en faisais : naturelle, chaleureuse. Alors que j’avais reçu deux autres offres d’autres entreprises, j’ai choisi Orange Cyberdefense. Elle a su me convaincre grâce à un atout de taille : elle ne vend pas de rêve. Son discours est toujours honnête ».

Rester soi-même

Cette honnêteté est en effet sa marque de fabrique, et notamment lors des rencontres avec les étudiants : « Mon but est de leur donner une idée précise et détaillée de l’ensemble de nos métiers, afin qu’ils puissent faire un choix en connaissance de cause. Ils ne se tourneront peut-être pas vers la cybersécurité, mais ils auront eu toutes les informations nécessaires pour le décider », explique-t-elle, avant de poursuivre : « Les étudiants se font encore une idée trop partielle de nos métiers. Ils pensent que la cybersécurité n’est accessible qu’aux profils très techniques, aux geeks. Ils nous imaginent en sweats à capuche, à la Mr Robot. Ces compétences techniques sont requises pour certains métiers, mais notre secteur regroupe une multitude de professions méconnues, qui ne nécessitent pas forcément d’être expert-e en informatique ».

Parmi ces métiers, il y a notamment celui de consultant-e en droit de la cybersécurité. C’est la profession d’Emilia Vatian, également DPO* chez Orange Cyberdefense : « Quand Delphine m’a contactée pour travailler en sécurité informatique, j’étais juriste dans le secteur assurantiel. J’étais assez perplexe. Au téléphone, elle a su mettre en avant les avantages de faire carrière en cybersécurité, et de travailler chez Orange Cyberdefense, sans rien survendre. Son discours était très honnête et enthousiasmant. Il m’a donné envie de passer les entretiens. La rencontre avec Delphine m’a marquée. Elle était très dynamique, parlait à une vitesse incroyable, tout en étant très chaleureuse et pédagogue. Quand je la croise dans les couloirs, aujourd’hui elle est toujours aussi dynamique et a toujours quelque chose d’intéressant à raconter. C’est un vrai plaisir de discuter avec elle », nous confie Emilia. Un souvenir partagé par Delphine : « J’ai regardé l’heure par réflexe, pour voir combien de temps j’avais avant mon prochain rendez-vous. Et là, je m’aperçois que près de trois heures viennent de s’écouler. Et pourtant, j’aurais pu encore continuer de discuter avec Emilia toute la journée ».

Être passionné-e

Des belles histoires de recrutement comme celles-ci, Delphine en a des centaines : « Parfois, comme tout le monde, je peux partir avec un a priori, je n’y crois pas vraiment. Et puis, la personne en face de moi me surprend. J’ai envie d’apprendre à la connaître, je creuse ». Les qualités toujours bien accueillies par Delphine ? « La curiosité, la passion, la motivation et l’humilité ».

Elle poursuit : « Le recrutement, c’est de l’adrénaline. Ça provoque une étincelle quand un candidat signe son contrat, surtout sur un marché aussi tendu. Quand je vois mes anciennes recrues évoluer, s’épanouir chez Orange Cyberdefense, c’est la plus belle des récompenses. Je me dis que ce que je fais tous les jours a du sens ».

Cet enthousiasme est de loin sa plus grande force pour convaincre des talents que les entreprises s’arrachent. Et à juste titre : au niveau mondial, plus d’un million de postes de professionnels de la sécurité sont vacants aujourd’hui. Ce nombre atteindra 3,5 millions d’ici l’an prochain selon Fortinet.

Savoir sortir des sentiers battus

« Le rapport de force entre les entreprises et les candidats s’est clairement inversé. Il y a dix ans, ce sont eux qui devaient me convaincre, aujourd’hui, c’est l’inverse. Mais c’est aussi ce que j’aime dans mon métier. Le challenge me booste, m’oblige à être créative, tenace ; à entretenir un réseau solide. Quand un candidat refuse une proposition, ou en accepte une ailleurs, je le félicite et je suis heureuse pour lui. Je le recontacte souvent quelques années plus tard. Parfois, c’est aussi une question de timing. Il ne faut pas lâcher », détaille Delphine, en pointant dans son agenda des rappels de prises de contact programmées pour l’an prochain.

 

Et les plus dures à convaincre restent pour l’instant les femmes. « C’est mon grand combat. En 2018, elles ont représenté 36% de nos recrutements, c’est une belle victoire. Au Conseil, elles forment 20% des effectifs », détaille Delphine. De jolis résultats quand le chiffre plafonne à 11% pour le marché global, selon l’International Systems Security Certification Consortium. « Les clichés tendent à diminuer mais le frein culturel persiste. En plus de craindre la technique, les femmes ont peur d’arriver au sein d’une ambiance machiste. C’est aussi pour cela que je donne un maximum de conférences dans les lycées et les collèges. J’y vais, accompagnée de femmes d’Orange Cyberdefense, comme Emilia, Aicha ou Violaine, toutes trois consultantes. Je veux que les jeunes filles comprennent qu’elles ont leur place dans la cybersécurité et plus largement dans le monde de l’informatique ».

Faire la différence

Delphine est devenue un atout de taille pour recruter des candidat-e-s. David Bigot, consultant en cybersécurité chez Orange Cyberdefense – qui avait déjà travaillé avec elle il y a quelques années – explique : « Delphine, ce n’est pas qu’un dynamisme et un enthousiasme. C’est une recruteuse affûtée : elle vise juste et bien. Son aide est primordiale. En tant que manager, je ne perds pas de temps ».

Un constat partagé par Anne Kent : « De Delphine, on perçoit d’abord une énergie sans limite, une belle spontanéité, mais c’est aussi et surtout quelqu’un en qui on peut avoir confiance : elle est extrêmement habile dans ses jugements et sait aussi être très convaincante ».

Penser long terme

« Où vous voyez-vous dans cinq ans ? » reste une question phare des entretiens embauche. Pour Delphine, la réponse est simple, et sûrement la même depuis toujours : « J’aime particulièrement mon métier. Je suis passionnée et j’ai la chance de rencontrer des passionnés. Je veux ainsi continuer à recruter des experts dans le domaine de la cybersécurité, je ne me vois pas, aujourd’hui, faire autre chose ».