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Les coulisses de la construction d’Orange Cyberdefense Maroc, avec Emmanuel Cheriet

Emmanuel Cheriet, directeur commercial Grands Comptes pour Orange Cyberdefense, a pris la tête de l’antenne marocaine en mars dernier. Un projet dans lequel il met toute son énergie et sa passion.

En plus de nous parler de cette nouvelle vie qui l’attend, Emmanuel analyse les spécificités d’un marché porteur et revient sur son parcours.

Emmanuel Cheriet, c’est un parcours exemplaire mené grâce un goût du challenge permanent. Ancien directeur commercial Grands Comptes chez Orange Cyberdefense, il a pris la tête de la filiale marocaine de l’entreprise. Un nouveau poste qui semble être la suite logique d’une carrière guidée par la progression constante.

Le Maroc, c’est le pays où il a effectué son stage de fin d’études pour valider son diplôme d’Ecole de commerce*. Pour cette première expérience à l’étranger, il travaille pour un cabinet de conseil puis, son contrat terminé, effectue une mission ponctuelle pour le consulat de France. Depuis, Emmanuel y retourne presque tous les ans, pour les vacances. « J’aime autant la culture locale que la géographie du pays. Le Maroc est un petit pays mais on y trouve le désert, la montagne et la neige, le soleil et la mer. C’est sublime », détaille-t-il.

Le goût du challenge permanent

A son retour en France, il enchaîne quelques petits boulots avant de trouver un emploi qui lui plaît. Cette période de latence, c’est la seule qu’il aura de toute sa carrière. Depuis, tout semble s’enchaîner à un rythme bien soutenu. Très intéressé par les nouvelles technologies, il démarre son parcours professionnel dans l’IT en tant que commercial, puis très rapidement, chef des ventes.

Si la petite structure au sein de laquelle il évolue grossit, Emmanuel veut se lancer un nouveau défi et chasser des clients de plus grande envergure. Après quatre ans passés dans sa première entreprise, il devient ingénieur commercial Grands Comptes : il gère et développe un portefeuille de clients composé de ministères et de collectivités locales. Il occupe ce poste pendant quatre ans avant de se spécialiser, dans une autre entité, dans la gestion de comptes industriels comme Air Liquide, Saint Gobain, TOTAL ou Areva.

En 2015, il rejoint Lexsi, pure-player de la cybersécurité en France : « Au fil de mon parcours, je me suis de plus en plus tourné vers la cybersécurité. Pour moi, c’était le domaine le plus dynamique et le plus innovant des nouvelles technologies. J’ai aussi aimé l’aspect très concret du secteur : on ne touche pas qu’à l’infrastructure et aux réseaux, mais aussi aux métiers de nos clients», explique-t-il. Un an plus tard, Lexsi est racheté par Orange Cyberdefense et Emmanuel se voit offrir le poste qu’il occupait encore il y a peu, celui de directeur commercial Grands Comptes.

Créer une cohésion d’équipe

« Le challenge était conséquent : je me suis retrouvé à la tête d’une équipe dont les membres provenaient d’entités différentes et n’avaient pas les mêmes cultures d’entreprise. Il a fallu homogénéiser les méthodes de travail, créer une vraie cohésion d’équipe, structurer les processus et mettre tout le monde au même niveau. Certains avaient de très fortes compétences techniques, quand d’autres présentaient des profils plus commerciaux », se rappelle Emmanuel. A cela, s’ajoute le défi du recrutement : en deux ans, son équipe passe de seize collaborateurs à vingt-sept. « Ça a été une période de construction sans relâche. Je suis très fier de mon équipe : il y a un vrai melting-pot et une réelle complémentarité des talents », ajoute-t-il.

Alors qu’il sort à peine de la période de « build » pour lancer tranquillement mais sûrement celle de « run » avec une équipe opérationnelle et au complet, Emmanuel reçoit une nouvelle qui va bouleverser cet équilibre naissant. Michel Van Den Berghe, CEO d’Orange Cyberdefense, annonce sa volonté de créer une entité au Maroc et souhaite qu’Emmanuel en prenne la direction.

Le choix du départ

Le goût de l’aventure et du défi ; le caractère unique d’une opportunité qui ne se présente peut-être qu’une seule fois dans une carrière ; la passion pour son métier… beaucoup d’éléments ont été moteurs dans sa décision. « Ce nouveau challenge m’a motivé, comme l’aspect international de la mission. J’adore le Maroc, c’est un pays que je connais très bien », explique-t-il, avant de concéder : « Tout quitter et monter une structure à l’étranger, c’est autant un projet de vie professionnel que personnel ». Emmanuel est en effet en couple et père de famille et c’est tous ensemble qu’ils s’envoleront à l’été prochain.

Après une période de transition, il prend officiellement la tête de l’entité en mars dernier.

Commencer « from scratch »

« L’idée c’est de reconstruire Orange Cyberdefense, mais en plus petit », sourit Emmanuel. L’analogie demeure en effet appropriée. Recrutement de toutes les équipes, prospection des nouveaux clients, réponses aux appels d’offre, refonte de tous les partenariats, création de nouveaux – notamment avec les écoles – coordination avec les entités et autorités locales, avec le réseau Orange Maroc, organisation du delivery, mise en place d’une stratégie de communication… tout reste à faire. Emmanuel ajoute : « Mon quotidien là-bas va ressembler à celui d’un créateur d’entreprise ».

Et les attentes sont élevées. D’ici à 2020, 50 spécialistes devront être recrutés, principalement des commerciaux d’avant-vente, des ingénieurs, des consultants, des pentesters, des chefs de projet et des assistants. L’objectif : devenir l’acteur référent au Maroc, mais aussi en Afrique francophone d’ici à trois ans.

Un marché porteur

Selon La Tribune Afrique***, le marché de la cybersécurité, en Afrique, représentait 1,33 milliard de dollars en 2017. Ce chiffre atteindra 2,32 milliards en 2020. « Le marché africain doit s’équiper pour rattraper un certain retard. Les investissements sont grands car nous sommes face à un jump technologique : les entreprises acquièrent directement les dernières technologies », décrypte Emmanuel.

Le Maroc ne fait pas exception : « Le pays est en pleine transformation digitale. Les entreprises disposent de moins de matériels et de logiciels qu’en Europe. Cela leur permet des investissements proportionnellement plus grands en cybersécurité car elles ne subissent pas le poids de vieilles infrastructures », explique-t-il. Si les menaces sont similaires à celles auxquelles nous faisons face, elles sont principalement constituées de logiciels malveillants visant les postes de travail, les équipements de stockage amovible (comme les clés USB) ou les applications exposées au web. « Les services qui intéressent le plus les Marocains sont la protection périphérique, les outils de détection de type SOC (security operation center) mais aussi l’audit et la mise en conformité règlementaire», détaille le nouveau directeur.

Le Maroc dispose en effet de normes similaires à celles de la France. L’organisme équivalent à l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) s’appelle la DGSSI (direction générale de la sécurité des systèmes d’information). La loi de programmation militaire (LPM), au Maroc, prend l’acronyme suivant : DNSSI pour « directive nationale de la sécurité des systèmes d’information ». Celle-ci désigne également des infrastructures d’importance vitale.

« A ce cadre juridique, il faut aussi ajouter une version nationale du règlement européen pour la protection des données (RGPD), appelé directive 09.08 », ajoute Emmanuel. « Nos atouts pour nous faire une place sur ce marché résident dans notre expertise, la profondeur et la qualité de nos offres mais aussi le fait que nous disposons d’un réseau solide de cyberSOC et de CERT (computer emergency response team), qui sont peu présents sur place. Après, il ne faut pas oublier que la concurrence reste très forte et que de nombreux intégrateurs ont un historique solide avec leurs clients », détaille-t-il.

Une nouvelle vie

En dehors du travail… à quoi va ressembler la vie d’Emmanuel ? En France, il aime le football, le golf et les voyages. « Je n’aurai pas de difficultés à poursuivre mes passions, d’autant plus que le golf est très développé au Maroc et que les terrains sont sublimes », explique Emmanuel. De quoi relâcher la pression après des journées bien remplies, même si le futur directeur semble être doté d’une qualité rare : la capacité à garder son sang-froid en toute circonstance. Une compétence qui lui a permis de relever avec succès tous les challenges qui se sont présentés à lui. Il ne fait aucun doute que celui du Maroc ne fera pas exception.

*Toulouse Business School

**NDLR : note de la rédaction

***Source : https://afrique.latribune.fr/africa-tech/2018-10-24/cybersecurite-orange-cyberdefense-s-implante-au-maroc-et-vise-le-leadership-en-afrique-francophone-795201.html