5 mars 2021
L’application Telegram a été créée en 2013 par Nikolaï et Pavel Durov, deux opposants au gouvernement russe. Le but de l’application à l’époque : communiquer loin de la surveillance du FSB, les services secrets du pays.
Si l’application s’est construite sur des valeurs de liberté d’expression et de lutte contre les oppressions, elle a aussi attiré un public qu’elle n’attendait pas. L’application est en effet connue pour être notamment utilisée par les mouvements politiques les plus radicaux au monde.
Les actualités du mois de janvier 2021 illustrent bien le paradoxe dont souffre l’application. Après l’annonce de la mise à jour des conditions d’utilisation de WhatsApp, Telegram se trouvait en tête des téléchargements sur les app stores, comptabilisant 25 millions de nouveaux utilisateurs seulement trois jours[1]. Un franc succès et une publicité plus que positive entachée par un autre évènement. Comme l’explique The New York Times : « Les complotistes d’extrême droite ont afflué sur Telegram après avoir été bannis des grandes plateformes américaines de médias sociaux à la suite de la prise d’assaut du Capitole à Washington par une foule soutenant le président Donald J. Trump, lui-même coupé de Facebook et Twitter ».
Dans un autre article, The New York Times explique que Telegram est particulièrement populaire pour les mouvements extrêmes « car il imite les médias sociaux ».
Telegram propose en effet trois fonctionnalités principales :
A noter que Telegram tente tant bien que mal de lutter contre la présence de groupes extrêmes en son sein. Son co-fondateur Pavel Durov, a déclaré avoir « fait tomber des “centaines” d’appels à la violence sur les chaînes publiques » en janvier 2021.
Telegram utilise le chiffrement de bout-en-bout pour ces conversations privées (chaînes, groupes, messages, appels audio et vidéos, médias et fichiers échangés). Les informations techniques liées au chiffrement sont consultables ici.
A noter que Telegram offre jusqu’à 300 000 dollars à qui parviendrait à éprouver son chiffrement : « Toutes les soumissions qui entraînent un changement de code ou de configuration sont éligibles pour des primes, allant de 100 à 100 000 dollars ou plus, selon la gravité du problème ».
Toujours au sein de sa Politique de confidentialité, Telegram explique : « Nous n’utilisons pas vos données pour vous montrer des publicités. Nous ne stockons que les données dont Telegram a besoin pour fonctionner comme un service de messagerie sécurisé et riche en fonctionnalités ».
Une approche qui pourrait peut-être évoluer en 2021. Sur son site, l’application déclare que « Telegram introduira la monétisation en 2021 pour payer l’infrastructure et les salaires des développeurs ».
Pavel Durov, co-fondateur l’explique comme suit : « Un projet de notre taille a besoin d’au moins quelques centaines de millions de dollars par an pour continuer à fonctionner. Pendant la plus grande partie de l’histoire de Telegram, j’ai payé les dépenses de l’entreprise avec mes économies personnelles. Cependant, avec sa croissance actuelle, Telegram est en voie d’atteindre des milliards d’utilisateurs et de nécessiter un financement approprié ».
Le nouveau fonctionnement repose sur :
Il n’est donc pas exclu que sa Politique de confidentialité évolue au fil de l’année, bien que l’entreprise précise que les parties de Telegram consacrées à la messagerie (chats privés et groupes) resteront sans publicités.
Selon la Politique de confidentialité de Telegram, les données de ses utilisateurs européens sont hébergées aux Pays-Bas.
L’application précise également que les données sont susceptibles d’être transférées à la société mère, Telegram Group Inc, située dans les îles Vierges britanniques et Telegram FZ-LLC, situé à Dubaï.
A la suppression d’un compte, tous les messages, médias, contacts et toutes autres données liées sont supprimées[2].
En janvier 2021, Telegram a dépassé les 500 millions d’utilisateurs actifs. Avec Signal, elle fait partie des deux apps les plus plébiscitées par les utilisateurs déçus de WhatsApp.
S’il n’est pas question ici de douter des intentions de Telegram, la création de sa plateforme publicitaire, tout comme la difficulté à contrôler les groupes privés les plus radicaux pourraient en faire une alternative moins attractive que Signal sur le long terme. Seul l’avenir le dira.
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Notes :
[2]Politique de confidentialité de Telegram, https://telegram.org/privacy?setln=ar